Mes coups de coeur livresques du confinement
Publié le 25 Mai 2020
Le confinement fut un moment plutôt difficile d'un point de vue des lectures. Je compte trois lectures et les 3/4 du tome 1 du Seigneur des Anneaux (que je déguste). C'est très bien, mais aussi très frustrant, car de nombreux livres passionnants m'attendent dans ma bibliothèque et j'aurais aimé lire plus. Un faux rythme de lecture qui se poursuit actuellement. Avant le confinement j'étais à environ 4 livres par mois depuis octobre.
Bonne nouvelle toutefois dans tout ça, mes deux dernières lectures du confinement furent des coups de cœur. Il s'agit des livres suivants : Les nouvelles heures de Pompéi de Massimo Osanna (Flammarion, 2020) et La cité perdue du dieu singe de Douglas Preston (J'ai lu, 2020).
Faire une double chronique est habituel sur mon blog, mais j'ai décidé ici de les mélanger. Il y a en effet une thématique commune à ces deux ouvrages : l'archéologie. Il y en a même une autre, peut-être un plus alambiquée, c'est la fin terrible des deux populations. Pour Pompéi c'est à la suite de l'éruption du Vésuve. Pour la cité du dieu singe, je vous laisse le soin de le découvrir.
Les auteurs sont aussi très différents. Massimo Osanna est directeur du site archéologique, universitaire, passionné de son sujet et un fin connaisseur de l'époque romaine depuis plusieurs années. Douglas Preston est un écrivain, auteur de thrillers et aussi journaliste pour des magasines de vulgarisation scientifique ou des grands journaux internationaux. Ce sont donc deux styles bien différent qui se retrouvent dans ces deux livres.
Par rapport à d'autres universitaires, j'ai vraiment apprécié le style d'Osanna. Il n'est pas forcément littéraire, loin de là, mais il est simple, claire, entraînant et fluide. Il se met au service du récit, très pédagogique, même si parfois un peu technique. Le livre est agrémenté d'illustrations, que l'auteur intègre assez bien dans l'ensemble. Au final, cela donne un récit vivant et les longueurs sont vraiment rare.
Je n'avais encore jamais lu de livres de Preston. Je savais qu'il était auteur de thrillers et il est évident, à la lecture, qu'il y a une plume derrière. L'auteur a une façon bien à lui de dépeindre les atmosphères et de décrire son vécu et ses impressions. Il dresse aussi les portraits de certaines personnes de l'équipe. Il a une façon d'amener le récit qu'il est difficile de le lâcher, comme avec un thriller finalement. Le tour de force, je trouve, c'est qu'il arrive a parler de sujets parfois grave tout en restant le plus possible objectif, mais surtout humain. C'est plus compliqué pour un universitaire comme Osanna de réussir ce tour de force car la démarche d'écriture n'est pas la même.
Le grand public est souvent intéressé par l'archéologie. Moi-même, j'ai eu des cours théoriques lorsque je faisais mes études d'histoire il y a quelques années. Pourtant, parvenir à écrire un livre grand public, qui livre des informations parfois inédites ou inaccessibles, sans tomber dans la technicité ou la trop grande vulgarisation, c'est un challenge difficile. Je trouve qu'il a été brillamment réussit, à leur manière, par nos deux auteurs.
Concernant les recherches d'Osanna, il y a aussi eu un documentaire d'Arte, que j'ai pu voir. Il raconte des épisodes du livre, mais ne rentre parfois pas autant dans les détails et n'aborde pas tout non plus. Ce qui m'a passionné c'est qu'Osanna nous raconte parfois ses recherches en cours, au moment d'une découverte, agrémenté souvent de ses réflexions plus large sur l'histoire de l'archéologie pompéienne par exemple. C'est vraiment passionnant. Il est parfois compliqué de s'y retrouver dans les différentes pièces des villas romaines décrites par l'auteur, mais il suffit de revenir un peu en arrière pour se reporter sur le plan et ça passe tout seul.
Preston raconte son périple et une aventure humaine. L'auteur arrive même à trouver un équilibre narratif que j'ai vraiment apprécié, entre d'un côté le récit d'une expérience personnelle et de l'autre l'enjeu de la découverte et ses a-côtés politiques. Dans un livre d'histoire, trop souvent, l'humain s'efface derrière le chercheur au profit de la découverte ou de la recherche en elle-même. Et c'est quelque part normal, car l'histoire est souvent écrite par des universitaires qui ont une méthode scientifique qui influence nécessairement leur style et le contenu même du récit. Il est par exemple très difficile pour un universitaire d'utiliser la première personne du singulier. Il me semble qu'Osanna le fait ou en tout cas il se met en scène en tant que chercheur cherchant. Preston le fait encore plus.
Les deux livres ont un style et un objectif différent, même si l'idée de base est un peu semblable : évoquer une découverte archéologique inédite. D'ailleurs, c'est ce qui est passionnant avec cette discipline c'est le hasard et les petites choses. Une découverte au départ anodine peut révolutionner ou conforter les chercheurs sur une piste. De même, les querelles de clocher entre chercheurs, sur fond d'intérêts politiques, peuvent donner lieu à des coups bas et des règlements de compte assez peu scientifiques. Je vous laisse découvrir tout cela dans ces deux livres.
Je tiens à préciser que si les deux sont des coups de cœur, l'ouvrage de Preston m'a particulièrement marqué, car il soulève un certains nombres de questions d'actualité qui me touchent personnellement, tel que la déforestation en Amérique latine, par exemple. Il y a aussi un petit passage où il en vient à parler de généalogie, et bien sûr ça ne peut que faire plaisir au passionné que je suis.
Si vous hésitiez encore à lire les deux, ou un des deux, foncez avec l'esprit tranquille. Vous aimez l'histoire, l'archéologie, les mystères, alors ces livres sont faits pour vous. Cela s'adapte sans doute un peu mieux au Preston qu'au Osanna, mais si Pompéi est une cité bien connu, elle recèle encore bien des mystères car elle n'a pas été fouillé complètement.