La dernière passion de Napoléon. La bibliothèque de Sainte-Hélène par Jacques Jourquin (Passés Composés, 2021)
Publié le 11 Janvier 2022
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Première lecture de 2022 et premier coup de cœur. L'auteur, Jacques Jourquin (1935-2021), est décédé le 14 novembre 2021, peu de temps après la parution de l'ouvrage en septembre. Né en 1935, il fût pendant 11 ans le président-directeur des éditions Tallandier et fût aussi rédacteur en chef de la revue du Souvenir napoléonien.
Le livre dont il est question ici est le prolongement des travaux de l'auteur sur le Mamelouk Ali, Louis-Etienne Saint-Denis (1788-1856), le valet de Napoléon. Ce dernier, au moment de l'exil sur l'île de Sainte-Hélène, entreprendra de cataloguer les livres qui rentraient dans la bibliothèque de Napoléon.
Ce qui est le plus intéressant c'est le côté enquête du récit. En effet, Jourquin expose la chronologie des recherches ayant permis de reconstituer finalement la bibliothèque de façon assez complète, même si des zones d'ombres demeurent. Il propose un état des découvertes et des connaissances concernant cette bibliothèque, notamment depuis la fin du XIXe siècle.
Nous apprenons ainsi qu'une partie de la bibliothèque est originaire de France, et plus précisément de Rambouillet. Par la suite, plusieurs personnalités britanniques, notamment, vont envoyer des livres à Napoléon, de façon officielle ou par des voies détournées, en usant de leur crédit politique en Angleterre. Car oui, Napoléon a des soutiens dans le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande.
L'auteur revient également sur l'usage qui était fait de la bibliothèque et du rapport de Napoléon aux livres. Il est ainsi amusant de constater que s'il n'appréciait pas un ouvrage, il n'hésitait pas à l'envoyer contre le mur.
Dans les dernières pages du livre, Jourquin revient sur le devenir de la bibliothèque. Les anglais reprendront plusieurs dizaines de volumes, qui n'avaient pas été payés par Napoléon. Il s'arrête aussi sur le règlement de la succession de Napoléon, sujet plus sensible et plus long dans le temps. Dans son testament, celui-ci lègue à son fils plusieurs centaines de volumes, qui ne lui parviendront jamais et qui seront finalement partagés entre les frères et sœurs de l'empereur, ou leurs ayants droits.
De façon générale, ce livre mérite le détour, ne serais-ce que pour le travail accompli par l'auteur. Depuis quelques années, je m'intéresse beaucoup aux livres anciens, mais aussi à l'histoire des bibliothèques. Alors évidemment, un tel livre ne pouvait pas me laisser indifférent. J'ai mis un certain temps à pouvoir me le procurer. Une chose est sûr, je l'ai dévoré.