L'Empire romain d'Orient. Une introduction.

Publié le 1 Mai 2022

L'Empire romain d'Orient, plus communément appelé Empire byzantin, a connu une longue histoire, du IVe au XVe siècle. Durant cette période, les empereurs byzantins n'ont jamais tout à fait renoncés à reconstituer l'empire originel, notamment sous le règne de Justinien (527-565). En 392, Théodose Ier impose le christianisme comme seule religion autorisée. Ainsi, à l'universalisme romain vient se superposer l'universalisme chrétien.

Tout au long de son histoire, l'empire va soutenir l'évangélisation de plusieurs territoires, parfois avant ou après une annexion, comme ce fût le cas dans les Balkans ou pour l'empire bulgare. Les empereurs ne renonceront jamais à cette politique universaliste, même lorsque celle-ci est devenue matériellement impossible, notamment sous les Paléologues, comme le rappelle judicieusement Michel Kaplan [1]

Le règne fondateur est bien celui de Constantin. Cet empereur, doté d'un réel sens politique, est à l'origine de l'édit de Milan (313), qui place sur un plan d'égalité l'ensemble des cultes pratiqués dans l'empire. La portée de cet édit est toujours débattu aujourd'hui par les historiens. Les Chrétiens étaient alors encore très minoritaires, mais il s'agissait d'une religion plébiscité par les élites. La question de l'intolérance religieuse a d'ailleurs fait l'objet d'un article de Gilvan Ventura da Silva [2]. L'empereur est à la fois autokratôr et basileus. C'est donc une sorte de lieutenant de Dieu, comme l'écrit Michel Kaplan, ce qui lui donne un pouvoir considérable sur le plan religieux. Il est clairement le chef de l'Eglise. C'est lui qui nomme le Patriarche, considéré comme un fonctionnaire.

Une autre caractéristique de cet empire, c'est son administration, héritée des siècles précédents, étroitement contrôlée, en fin de compte, par l'empereur, qui nomme les hauts fonctionnaires et peu les défaire à n'importe quel moment. Certains de ces fonctionnaires sont des intellectuels et deviendront même Patriarche de Constantinople. L'administration, notamment fiscale, est poussée à un haut degré de perfectionnement.    

L’exemple le plus achevé d’administration est sans doute celui du bureau général des finances, le génikon, confié à un logothète, personnage puissant. Au-delà du personnel nombreux qui peuple cet office et qui est souvent envoyé en province pour surveiller l’assiette et la perception des impôts, c’est le système lui-même qui est perfectionné. Le principal impôt est une contribution foncière de quotité, assise sur la quantité et la qualité de la terre et payée en espèces. Le génikon dispose d’un cadastre général (kôdix) ; dans les provinces existe un « cadastre de l’extérieur » (exôkôdix) qui en est extrait. Les réviseurs de l’impôt parcourent les villages avec une copie du cadastre (isokôdikon). Les modifications qu’ils opèrent sont ensuite retranscrites aux niveaux supérieurs.

Kaplan, Michel. « L'Empire byzantin : une quintessence d'Empire ? », Monde(s), vol. 2, no. 2, 2012, pp. 167-174.

Qui dit bonne administration, dit aussi bons fonctionnaires. Ils se doivent de recevoir une bonne éducation classique, notamment en grammaire et en rhétorique, mais aussi en mathématiques. Les écoles, contrôlées par le pouvoir impérial, sont privées et payantes, et donc réservées à l'aristocratie. 

D'ailleurs, comme le fait Vincent Puech, il est difficile de parler d'aristocratie [3]. Il s'agit plutôt d'une élite ouverte. Il n'y a jamais eu de titre de noblesse au sein de l'empire. Les dignités et les fonctions étaient souvent achetées, ce qui fait penser au système en place dans les monarchies de l'époque moderne, notamment en France. Un système qui a aussi des limites car il entraîne la mise en place de réseaux de fidélités et une forte corruption. Certaines lignées se spécialisent, notamment dans la guerre. Au XIIe siècle, les dignités impériales sont mêmes réservées à la famille impériale. C'est donc aussi un système qui évolue très rapidement.

Malgré une certaine continuité, qui repose en partie sur la religion et l'administration, l'empire subit de nombreux chocs, que ce soit l'invasion slaves au VIIe siècle ou l'avancée des Arabes, puis des Turcs, pour la grande majorité d'entre eux musulmans. C'est donc aussi un choc culturel. Par sa diplomatie, l'empire va réussir à peu près à canaliser les croisés, souvent en les payant grassement. Cette politique ne fonctionnera pas indéfiniment et attirera les convoitises des Vénitiens qui détournent la Quatrième Croisade en 1204, avec le sac de Constantinople. Même si l'empire survivra encore deux siècle et demie, il ne se relèvera jamais de cet épisode.

Cette introduction est évidemment très succincte. Elle avait pour but de placer le décor. L'histoire de l'empire byzantin m'a toujours intrigué, sans forcément me passionner. J'aimerais surtout creuser sur certaines thématiques ou certains épisodes, comme la chute de Constantinople en 1453. Comme tout ce que je commence, je ne garantis pas qu'il y aura d'autres articles. Cette introduction restera donc peut-être le seul sur le sujet sur ce blog. Blog livresque oblige, je m'appuierait évidemment sur des sources traduites, sur les articles et sur des livres plus ou moins grand public.

Pour terminer je conseil le livre de Michel Kaplan sur l'histoire de l'empire byzantin, Pourquoi Byzance ? Un empire de onze siècle, publié en Folio Histoire.

 

Rédigé par Simon Levacher

Publié dans #Histoire

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