Dioclétien par Bernard Rémy (Armand Colin, 2016)

Publié le 19 Avril 2024

Cette biographie de Dioclétien par Bernard Rémy est écrite en collaboration avec Yutaka Oshimizu (un historien japonais). Elle est divisée en dix chapitres, répartis sur 223 pages de texte (avec quelques illustrations parsemées dans le corps du texte).

Qui est donc Dioclétien ? Dioclétien est un empereur romain, qui a régné de 284 à 305. C'est lui qui va mettre en place le fameux système de la tétrarchie. Avant de développer la présente biographie, je vais rapidement évoquer mes connaissances avant de commencer ma lecture.

J'ai eu l'occasion de le découvrir pour la première fois dans un cours de licence 3 sur l'Antiquité tardive en 2011. Le professeur avait consacré un chapitre entier à cet empereur en se demandant si son règne avait été une rupture ou une continuité. Ensuite, il avait insisté sur le caractère progressif des réformes, notamment en passant de la Dyarchie (régner en association avec un César appelé à lui succéder) à la Tétrarchie (nomination de deux Augustes et deux Césars s'occupant chacun d'un front distinct).

Le système est toutefois assez abstrait et, en 305, lorsque Dioclétien se retire du pouvoir, obligeant les autres empereurs et les césars à en faire de même, cela créé des tensions. L'autre aspect du règne c'est donc l'idéologie qu'il y a derrière. La question des raisons ayant amené Dioclétien a imaginer ce système n'est pas si anodine qu'elle en a l'air. Est-ce uniquement une adaptation à la situation troublée du IIIe siècle ?

Il semble y avoir d'abord une volonté d'élaborer un système parfait. Ensuite, le mérite personnel l'emporte sur l'hérédité. Cela signifie que les fils des empereurs de la Tétrarchie ne vont pas nécessairement être nommés césars (et donc héritiers). La conséquence étant de provoquer une frustration chez ces princes. Enfin, Dioclétien tente de légitimer son pouvoir en ressortant certaines références à la République. Il prône aussi l'austérité. Cela va très loin, car au nom de ce retour aux sources, Dioclétien interdit le christianisme et élève les empereurs au rang de divinité.

Une raison de l'échec de la Tétrarchie, que mon professeur avait alors évoquée, c'est la réforme monétaire de Dioclétien et notamment l’Édit du Maximum, promulgué en 301, et presque aussitôt abandonné car non-appliqué sur le terrain.

Ce qui est intéressant dans ce règne, du moins comme je l'ai vu à l'université, c'est le thème de la restauration. Dioclétien voulait restaurer le pouvoir impérial. Mais, malgré l'échec de la tétrarchie, est-ce que ce fut le cas du règne ? Nous avions vu que non. Dioclétien a su réorganiser l'armée et mettre en place la provincialisation de l'Italie. Un règne dont le bilan est mitigée : échec du système, mais plusieurs réformes survivront à Dioclétien.

Bernard Rémy commence sa biographie en abordant la succession troublée de la dynastie des Sévères. En effet, après l'assassinat de Sévère Alexandre en 235, l'Empire va connaître une « crise » multiforme. 

Cette période, appelée « crise du IIIe siècle », va durer une cinquantaine d'années, entre 235 et 284. De la mort de Sévère Alexandre à l'arrivée au pouvoir de Dioclétien en fait. Rémy préfère d'ailleurs parler des « crises » : une crise militaire, une crise politique et une crise économique.

Sur le plan militaire, les Romains doivent faire face à deux ennemis agressifs : les Germains (en fait divers peuples partageant une culture commune), les Parthes, puis leurs successeurs les Perses. C'est à cette époque, par exemple, que les Francs apparaissent dans les sources. Les plus dangereux restent les Perses Sassanides, qui succèdent aux Parthes Arsacides en 226.

Lorsque l'empereur Valérien est capturé par le roi perse en 260, l'Empire aurait pu implosé. Pourtant, Gallien, qui règne au même moment, va tenter de renforcer le pouvoir impérial en réduisant celui des sénateurs, notamment en les privant du commandement militaire. Il a su aussi se montrer tolérant à l'égard des chrétiens.

Rémy nuance la crise économique, sans doute exagérée par les sources, principalement sénatoriales (et donc hostiles à des empereurs qui souhaitent réduire le pouvoir du Sénat). Il souligne par contre le rôle des empereurs illyriens : Claude II le Gothique (268-270), Aurélien (270-275) et Probus (276-282).

Militaires de carrière, ces empereurs ont l'habitude de mener une vie rude. Compétents, ils ont su réorganiser l'armée, repousser à la fois les menaces extérieures et les usurpations internes, tout en tentant de redresser la monnaie. Malheureusement, la brièveté des règnes n'a pas permis à ces empereurs de régler le problème de la continuité du pouvoir.

En effet, comment stabiliser la situation en évitant des crises de successions meurtrières ? C'est le rôle de Dioclétien.

Rémy aborde la difficulté de rédiger la biographie d'un personnage antique en évoquant les sources disponibles. Il y a les sources primaires (peu nombreuses), les sources chrétiennes, mais aussi l'histoire officielle et les textes de lois, sans oublier les disciplines annexes (archéologie, épigraphie, etc.). 

S'il y a beaucoup de sources concernant Dioclétien ou son règne - pour un personnage antique ! - elles sont parfois difficiles à interpréter.

Finalement, la biographie de Bernard Rémy permet de découvrir le règne d'un empereur dont le rôle fût pimordial. Accessoirement, il permet de réviser nos connaissances du règne.

Rédigé par Simon Levacher

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